Madame la Présidente,
Notre organisation syndicale vous interpelle dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. En effet, le 8 mars salue le combat des femmes pour leur liberté, pour leurs droits et leur émancipation.
Pourtant, les inégalités frappent toujours autant les femmes dans la sphère professionnelle et sociale malgré tous les discours sur l'équité et les textes sur l'égalité entre les sexes. Au fil des années, les avancées obtenues en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, au travail comme dans l'ensemble de la société, ne sont pas le fruit du hasard mais sont bien directement liées aux mobilisations sociales et aux luttes. L'égalité entre les femmes et les hommes n'est donc pas "naturelle".
L'égalité entre les femmes et les hommes est trop souvent considérée comme acquise. Pourtant, confrontés à la réalité des chiffres, le chemin à parcourir reste évident.
En effet,
► Les salaires des femmes sont inférieurs en moyenne de 22,3% à ceux des hommes dans le secteur privé et de 12% dans la fonction publique. Ces profondes injustices sociales qui persistent s’expliquent par la ségrégation professionnelle des métiers, "le plafond de verre", les parts variables de rémunération, les temps partiels, les déroulements de carrière.
► Le taux d’emploi des femmes : la France est au 25ème rang des 38 pays de l’OCDE, 1 femme sur 2 stoppe son activité professionnelle à l’arrivée d’un enfant contre 1 homme sur 9. Au final, les femmes ont en moyenne une carrière plus courte de 2,1 ans que celle des hommes.
► Dans la fonction publique, les femmes sont largement majoritaires (61%) mais sont plus rares dans les emplois de direction : 28% dans la fonction publique d’État pour 39% dans la fonction publique territoriale et 41% dans la fonction publique hospitalière.
► Dans le privé comme dans le public, plus de 80% des emplois à temps partiels sont occupés par des femmes dans des emplois peu qualifiés.
► Les femmes commencent à travailler gratuitement à partir du 4 novembre de l’année du fait des inégalités salariales persistantes.
► En France, les femmes sont toujours payées 26 % de moins que les hommes. Comme si elles arrêtaient chaque jour d'être payées à 15h40.
C’est dans ce cadre que notre organisation syndicale demande à notre collectivité de faire de cette Journée de lutte pour les droits des femmes un symbole, en accordant aux 61% de femmes de notre collectivité une sortie anticipée dès 15h40 le 8 mars prochain.
Ce geste hautement symbolique est de plus légal. Dans un arrêt rendu le 12 juillet 2017, la Cour de Cassation a estimé que « l'octroi aux seules femmes d’une entreprise ou institution d'une demi-journée de repos à l'occasion de la journée de la femme est légale, dès lors que cette mesure vise à établir l'égalité des chances entre les hommes et les femmes en remédiant aux inégalités de fait qui affectent les chances des femmes. »
La Cour de cassation a considéré que cette demi-journée de congé peut tout à fait servir la lutte pour l'égalité salariale entre les sexes. Elle ajoute dans un communiqué que « le Code du travail permet, dans le cadre d'un plan pour l'égalité professionnelle entre les sexes, que des mesures soient prises au seul bénéfice des femmes dans le but de remédier aux inégalités. »
Ainsi, dans le cadre de cette journée de lutte, la CGT vous demande de vous engager aux côtés des femmes dans leur long combat et symboliquement d’accorder un départ anticipé à l’ensemble des agentes de notre institution.
Dans cette attente, nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, l'assurance de nos respectueuses salutations
Valérie Marque
Secrétaire du syndicat CGT