Face à l’inflation sans précédent qui frappe la France ces dernières années, il est plus qu’urgent d’indexer les salaires sur les prix pour permettre aux travailleur·ses de préserver leur niveau de vie et éviter la smicardisation du pays.
Une proposition de loi visant à indexer les salaires et traitements sur l’inflation
Mercredi 19 février, les sénatrices et sénateurs ont examiné la proposition de loi visant à indexer les salaires et traitements sur l’inflation. Seuls les groupes Socialiste, Communiste, Rassemblement démocratique et social européen, et Écologiste ont voté en faveur de l’indexation des salaires. Quant aux sénateurs du Rassemblement national, ils n’ont pas souhaité prendre part au vote, alors que leur programme indique : « Revaloriser les revenus du travail par une incitation forte à l’augmentation des salaires. » On voit de nouveau l’imposture sociale de l’extrême droite qui annonce défendre les salarié⋅es dans les discours et se cache derrière les propositions patronales dans les actes.
Sans méconnaître le principe de la négociation obligatoire sur les salaires, cette indexation permettrait a minima de stopper leur tassement par l’inflation – donc de maintenir le niveau de vie des travailleur⋅ses.
Des augmentations collectives contre la smicardisation
Ces dernières années, salarié⋅es et agent⋅es ont subi une inflation des prix galopante qui a durement impacté leur pouvoir d’achat. Le dispositif légal de revalorisation automatique du Smic, certes imparfait, a limité les effets négatifs de l’inflation pour les travailleur⋅ses payé⋅es au Smic. Cependant, l’absence de revalorisation automatique de tous les autres salaires a entraîné une « smicardisation » du salariat : en 2021, 12 % des travailleur⋅ses étaient payé⋅es au Smic, contre 14,6 % en 2024, soit 2,7 millions de salarié⋅es.
Toutes les catégories de travailleur⋅ses sont préoccupées, comme le montre le baromètre cadres et professions intermédiaires de l’Ugict-CGT : 86 % des cadres et près de 9 professions intermédiaires sur 10 (89 %) sont favorables à l’échelle mobile des salaires pour garantir leur pouvoir d’achat.
L’absence d’indexation des salaires sur les prix conduit aujourd’hui à ce que 67 branches, couvrant plus de trois millions de salarié⋅es, aient au moins un de leurs niveaux en dessous du Smic.
Le gouvernement ne tient pas ses engagements sur les salaires
À l’issue de la conférence sociale du 16 octobre 2023, la Première ministre Élisabeth Borne s’était engagée à proposer au Parlement un texte permettant de sanctionner les branches dans cette situation en utilisant le levier des exonérations de cotisations sociales.
Alors qu’un mécanisme coercitif pour conditionner les exonérations fiscales aux négociations salariales figurait dans la dernière version du PLFSS, le gouvernement a finalement retiré cette disposition. Aujourd’hui, aucun dispositif ne permet de sanctionner un patronat qui refuse d’augmenter les premiers niveaux de salaire des branches pour qu'ils soient au moins au niveau du Smic.
Il est plus que nécessaire de faire disparaître du Code du travail l’interdiction de prévoir dans les accords collectifs des clauses d’indexation des salaires sur le Smic ou sur l’inflation.
Réactiver l’échelle mobile des salaires
Il est à noter que cette proposition de loi sur l’indexation des salaires, si elle n’a pas été adoptée, a quand même été votée par 112 sénatrices et sénateurs, permettant ainsi de faire un pas important vers le progrès social dans notre pays.
D’ailleurs, l’indexation des salaires avait déjà été portée devant l’Assemblée nationale en octobre 2023 dans une autre proposition de loi.
La CGT revendique depuis de nombreuses années la réactivation de l’échelle mobile des salaires.
Cette dernière doit être accompagnée de la revalorisation du Smic à 2 000 € bruts partout sur le territoire de la République.