Sexisme
La CGT est engagée dans une démarche globale pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle veut agir notamment pour l’égalité professionnelle et salariale, comme dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans la société et au travail. Considérant que l’égalité réelle ne sera possible qu’avec la fin des violences sexistes et sexuelles et sachant que la violence est partout, y compris dans notre organisation, militantes et militants de la CGT se doivent d’être exemplaires et d’entretenir des relations fondées sur le respect mutuel. Pour y contribuer, notre organisation s’est dotée d’une cellule de veille contre les violences sexistes et sexuelles dans la CGT depuis novembre 2016 : écouter les syndiqué·e·s, alerter les organisations sur des situations de violences sexistes ou sexuelles dans le cadre militant, proposer des solutions, tel est le rôle de la cellule. Aux dirigeant.e.s de régler la situation en soutenant et protégeant les femmes victimes, en sanctionnant les agresseurs si besoin et en favorisant un environnement militant non-sexiste.
Au fil des années, la cellule a conforté sa légitimité. Elle s'est formée à l'écoute des victimes, à la collecte des témoignages, aux mécanismes d'emprise, de sidération. « La priorité, c'est d'écouter la victime, de prendre sa parole au sérieux. On qualifie les faits, mais la question n'est pas de rendre justice », explique Gilbert Garrel, président de l'Institut d'Histoire Sociale (IHS), lui aussi membre de la cellule depuis le début. « Nous allons travailler à partir d'un processus admis par les tribunaux, qui est le faisceau d'indices », explique Maryse Thaëren-Chopin.
Nous assumons la présomption de sincérité face à ceux qui instrumentalisent la présomption d'innocence pour réduire au silence celles et ceux qui parlent ». Maryse Thaëren-Chopin, membre de la cellule de veille.
À charge ensuite aux organisations d'agir en conséquence. « Bon nombre de dirigeants se comportent en responsable et affrontent le sujet quand il se présente », observe Gilbert Garrel. Pour Maryse Thaëren-Chopin, « la majorité des organisations ne sont pas dans le déni, elles veulent agir sur ces questions. Encore faut-il leur permettre. »
Pour aider les organisations à appréhender un sujet sensible, la cellule de veille a élaboré, suivant sa feuille de route un « cadre commun d'action contre les violences sexistes et sexuelles dans la CGT », adopté par le CCN en août 2022. L'objet du texte est « d'offrir un cadre commun de réaction et d'intervention aux organisations, afin de parvenir ensemble à faire progresser des rapports militants fondés sur la confiance et le respect mutuel entre les femmes et les hommes qui composent l'organisation ». Pour ce faire, le cadre commun prévoit notamment d'« écouter la ou les victimes ou témoins avec empathie et sans jugement» ; de « mettre en protection la victime en suspendant les mandats des mis en cause » ; d' « entendre le ou les mis en cause » ; de « réunir le collectif de direction pour débattre des faits ». Six ans après sa création, la cellule a été saisie de 35 dossiers, notamment de la part des UD qui en reconnaissent l'utilité. D'après le bilan présenté au CCN en août 2022, deux suspensions de mandats ont eu lieu pour les signalés ; Quatre femmes ont été exclues, aucun agresseur n'a été radié. « Trop souvent encore, des femmes doivent démissionner de leur mandat, ou sont désyndiquées », regrette Maryse Thaëren-Chopin. A son actif, la cellule propose aux dirigeants de la CGT de se former. Le syndicat a aussi mis en place depuis juin 2021 un réseau avec une quinzaine de syndicats et de partis politiques.
Reste que si la parole s'est libérée, les femmes militantes ont scrupule à dénoncer les agissements d'un camarade, tiraillées à l'idée de nuire à l'organisation. « Ces violences provoquent les mêmes séismes que l'inceste dans une famille », compare Maryse Thaëren-Chopin. Si du chemin a été parcouru en six ans, les violences sexistes continuent de nuire à l'intégrité de militantes et d'entacher des organisations, comme en ont témoigné des congressistes. « Je travaille dans le spectacle vivant, mais c'est en arrivant à la CGT que j'ai eu à expérimenter les violences sexistes. Le militantisme est déjà violent en soi, ce n'est pas acceptable que des femmes subissent encore de tels agissements. Pourquoi ne pas exiger une exemplarité en la matière », interroge Claire Serre-Combe au 53e congrès. A la CGT comme ailleurs, les hommes mis en cause usent des mêmes stratégies pour disqualifier la parole des femmes.
« Ils portent plainte pour diffamation, se retranchent derrière la théorie du complot. On entend dire que les femmes peuvent mentir quand il y a des enjeux de pouvoir. Citez-moi une femme qui ait tiré profit du fait d'avoir parlé ?! Ce sont les hommes mis en cause qui ne supportent pas d'être dépossédés du pouvoir que confère un mandat syndical », dénonce Maryse Thaëren-Chopin. Autre argument communément avancé : la lutte contre les rapports de classe permettrait d'abolir toute autre forme de domination.
« La domination masculine, le patriarcat confinent à des dimensions plus profondes que la domination capitaliste. Si la lutte des classes pouvait mettre fin à toute forme de domination, on n'en serait pas là à la CGT ». Gilbert Garrel, membre de la cellule.
« La vague #Me too a provoqué une réaction incroyable, mais il n'y a pas de pente naturelle vers l'égalité entre homme et femme, y compris à la CGT. Il nous faut sans cesse rester en veille », conclut Maryse Thaëren-Chopin.
Toutes les femmes, peu importe leur milieu professionnel ou leur position hiérarchique, peuvent être victimes de sexisme sur leur lieu de travail : en attestent les différents sondages publiés chaque année, tels que nos baromètres annuels.
> Plus d’une femme profession intermédiaire sur dix déclarait en 2022 avoir été témoin ou victime de violences sexistes et sexuelles au travail
> Près d’une femme cadre sur cinq déclare avoir été témoin ou victime de VSST en 2023
Ces violences sexistes peuvent cependant prendre différentes formes, notamment pour les femmes ingénieures, cadres, et professions techniciennes et intermédiaires. Remise en cause de leurs compétences, soupçons et remarques misogynes dans le cadre de réunions ou quand elles sont promues, harcèlement et agressions sexuelles… C’est pourquoi nous avons organisé une journée de débats et d’échanges dans le cadre de nos Rencontres Options, à laquelle une centaine de personnes étaient présentes pour parler continuum des violences, organisation genrée du travail, et questionner la manière dont les syndicats doivent se saisir de ces questions.
Pour faire suite à ces échanges, l’Ugict-CGT propose son tout premier kit à destination des salarié·es et des syndicalistes, au travers d’outils de sensibilisation et de mobilisation.
Au-delà des affiches afin d’interpeller les travailleur·ses sur les chiffres réels des violences sexistes et sexuelles au travail, l’Ugict-CGT propose en particulier un générateur d’enquête afin que les syndicalistes puissent faire un état des lieux du niveau de sexisme existant au sein de leur entreprise ou administration, et ainsi pouvoir alerter leur direction si nécessaire !
La définition du harcèlement sexuel
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Selon le Code pénal (article 222-3) et le Code du travail (article L.1153-1), le harcèlement sexuel se caractérise par le "fait d'imposer à une personne,
de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent
à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante". Le harceleur risque jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
Pour sa part, l'agression sexuelle est définie par le Code pénal (article 222-22) comme "toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise ou, dans les cas prévus par la loi, commise sur un mineur par un majeur". Aux yeux de la loi, l'auteur d'une agression sexuelle risque une peine pouvant aller (s'il y a des circonstances aggravantes) à sept ans de prison et 100 000 euros d'amende.
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Quand le président de la République s'exprime sa parole a un poids. C'est une parole qui revient à cracher au visage de toutes les victimes. On ne peut pas, dans le même temps dire aux femmes, et les culpabiliser quand elles ne le font pas, qu'il faut qu'elles parlent, qu'il faut qu'elles aillent porter plainte et dans le même temps, défendre les agresseurs dès lors qu'il s'agit d'hommes puissants. C'est ce double discours du président de la République et de tous les défenseurs de Depardieu qui tentent de le disculper au prétexte que c'est un grand acteur. Oui, on peut être un grand acteur et être un agresseur sexuel.
En parlant de "chasse à l'homme" on laisse entendre qu'on veut empêcher les femmes de parler des violences sexuelles dont elles sont victimes. La présomption d'innocence est très importante et la CGT y est très attachée dans le cadre du procès pénal. Aujourd'hui, la présomption d'innocence est instrumentalisée pour museler les victimes, pour les empêcher de se déclarer victimes et pour nous empêcher d'être solidaires. À la CGT ce que nous disons toujours aux femmes victimes, c'est : “tu n'y es pour rien, je te crois”. C'est ça dont on a besoin comme parole au plus haut sommet de l'Etat.
Les soutiens de Gérard Depardieu sont soit des personnes issues de l'extrême droite et qui ont rédigé la tribune de défense de l'acteur, soit des agresseurs sexuels. Dans cette tribune, il y a un certain nombre de personnes qui aujourd'hui sont mises en cause pour agression sexuelle et c'est très révélateur.
Pour rappel, en France, depuis 2017 ce sont 844 féminicides ayant fait plus de 1000 enfants orphelin∙es qui ont été commis par un conjoint ou un ex conjoint. Le nombre de femmes victimes de violences dans le couple et les enfants qui en subissent les conséquences ne diminue pas (213 000 par an) tout comme les viols ou tentatives (94 000 par an). La quasi-totalité des agresseurs sont des hommes (97,3%).